Mon Histoire

Parce que la vie ne tient qu’à un fil...

L’histoire d’Azama effilochée, 

survivante d’un génocide africain contemporain, a pu constater toute petite que “la vie ne tient qu’à un fil”, dans les jours sombres et meurtriers de son Zaïre natal.

Cette femme artiste toujours guidée par la petite fille qui est en elle.

Azama est arrivée dans la région bordelaise il y a une vingtaine d’années.

Face aux intempéries qu’elle a traversée, Azama a su rester debout. 

Si bien que son réflexe, effilocher est devenu un art unique qui incarne la résilience même et appelle à la fin de la violence entre les humains.

L'artiste Azama effiloche un tissu qui laisse passer la lumière

L'effilochée c'est moi,
l'effilochage c'est ma vie.

Ma maman me disait :

“Azama, si tu fais la paix tous les jours et avec toi-même, tu iras dormir légère comme une plume.”

“J’aurais pu mourir à l’âge de 5 ans, mais grâce à la petite Azama je vivrais éternellement.

J’ai échappé à la barbarie, au jugement nocturne. Parce que je me suis agrippée à la douceur, ce côté doux m’apaisait, j’ai alors trouvé ma protection. Envahie d’émotions profondes, ce tissu, je l’ai déchiré.

Le bruit du tissu m’apaisait, jusqu’à effacer tout ce qui était autour de moi. Ainsi le chaos s’est arrêté…

J’ai tellement effiloché, qu’apparu la lumière, une lumière chaleureuse qui n’appartenait que à moi.

Car ce jour-là j’ai pris conscience que la vie était fragile, qu’elle ne tenait que à un fil.

Ma maman est montée très haut légère comme une plume… ainsi que plusieurs de mes proches.

Ce geste, devenu un réflexe, une source d’apaisement. “

Effilochée un jour,
effilochée toujours ...

Effilocher c’est déstructurer un tissu.

Si bien que parfois la petite Azama a l’impression que sa vie est comme un tricot raté, tout effiloché, avec des morceaux manquants.

Et je pars du principe que nous naissons tous entier, que c’est le monde qui nous effiloche, qui nous déstructure.

Effilocher cette matière qui est le tissu, c’est un travail sur l’ombre et la lumière. Laisser passer la lumière, ne garder que le beau, s’éloigner du néant, léger comme une plume…

Nous sommes tous effilochés, nous avons tous des morceaux manquants. L’important n’est pas de savoir qui en a le plus ou le moins, mais l’important est de savoir comment faire passer la lumière.